- trognon
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• 1660; troignon 1393; de l'a. fr. estro(i)gner, var. de estronchier « élaguer »; lat. truncare → tronquer1 ♦ Ce qui reste d'un fruit, d'un légume, quand on en a enlevé la partie comestible. Trognon de poire, de salade, de chou. Trois grandes filles « croquant des pommes, crachant les trognons » (Zola). — Loc. fam. Jusqu'au trognon : jusqu'au bout, complètement (cf. Jusqu'à l'os). Se faire avoir jusqu'au trognon. Le mot « de patriotes [...] ridiculisé jusqu'au trognon » (Bernanos). « Ah çà, les Tuileries, il les ont eues, ils les ont eues jusqu'au trognon » (Aragon).2 ♦ (1610) Fam. Terme d'affection désignant un enfant, une jeune fille. « Un petit trognon comme toi » (Mirbeau). — Adj. Mignon. Ce qu'elles sont trognons ! (cf. Chou).trognonn. m. Partie centrale, non comestible d'un fruit à pépins ou d'un légume. Jeter un trognon de pomme. Trognon de chou.⇒TROGNON, subst. masc.A. — Ce qui reste d'un fruit, d'un légume quand on a enlevé la partie comestible. Trognon de poire, de pomme, de salade. Une Babylone d'immondices, une Ninive d'ordures et de trognons (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 120). Les gosses de la calade (...) me bombardant avec des trognons de choux, des tomates pourries et toutes sortes d'ordures (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 151).— Loc. fig., pop., fam. Jusqu'au trognon. Jusqu'au bout, complètement. Synon. pop. jusqu'à l'os (v. os1). T'avais beau l'savoir, t'étais bon jusqu'au trognon pour la tôle (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 261).B. — Pop., fam. [Terme d'affection à l'adresse d'un enfant, d'une jeune fille, d'une femme] Synon. fam. chou. Et comme c'était, tout de même, un homme très galant, il ajoutait en me prenant la taille:— Un petit trognon comme toi, ça flatte moins la vanité d'un amant... Mais c'est plus sérieux, tout de même (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p 343). La photographie d'un cuirassier (...) tenant son casque sur la hanche (« À son petit trognon d'amour, disait la dédicace, le grand Louis ») (BERNANOS, Nuit, 1928, p. 33).— Empl. adj. Mignon. Ce qu'il est trognon! Comme il est trognon avec ce béret! (Lar. Lang. fr.).REM. Trognonner, verbe intrans., fam. Prendre la forme d'un trognon. Une duègne, affreuse compagnonne, Dont la barbe fleurit et dont le nez trognonne (HUGO, Ruy Blas, 1838, IV, 7, p. 437).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1393 trongnon « ce qui reste d'un fruit, lorsqu'on a enlevé la partie comestible » (Le Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 122); 1892 loc. fam. jusqu'au trognon (CLAUDEL, Violaine, III, p. 525); 2. 1610 terme d'affection (BÉROALDE DE VERVILLE, Le Moyen de Parvenir, éd. A. Tournon, p. 272); 1964 empl. adj. « mignon » (ROB.). Dér. avec suff. -on, de l'a. fr. estroigner « élaguer » (1377, Arch. MM 30, f° 89 r° ds GDF., s.v. estrongner), réfection d'apr. trogne2 (le moignon de l'arbre prenant la forme d'une tête) du verbe estronner « élaguer » (1326, Tournai ds Z. fr. Spr. Lit. t. 22, p. 103), forme refaite d'apr. tronc prononcé sans la cons. finale, de estroncher (1276 ds Mém. de la Sté des Lettres de Bar-Le-Duc, année 1882), dér. de tronchier, v. tronquer (FEW t. 13, 2, p. 335, s.v. truncare). Fréq. abs. littér.:59. Bbg. QUEM. DDL t. 19; 17 (s.v. trognonner).
trognon [tʀɔɲɔ̃] n. m.ÉTYM. 1660, Oudin; troignon, 1393; de l'anc. franç. estroigner « élaguer », var. de estronchier, même sens; soit du lat. truncare « amputer » (→ Tronquer), soit d'un roman extortionare. → Trogne.❖1 Ce qui reste d'un fruit, d'un légume, quand on en a enlevé la partie comestible. ⇒ Cœur. || Trognon de pomme, de poire. || Un trognon de salade. — Plus cour. || Trognon de chou.1 Trois grandes filles mal peignées, en robes sales, parurent sur le seuil, croquant des pommes, crachant les trognons (…)Zola, Nana, VII.♦ Par anal. Plante rabougrie, sans fleurs ni feuilles (→ Rhododendron, cit. 1).♦ ☑ Loc. fig., fam. Jusqu'au trognon : jusqu'au bout (cf. pop. Jusqu'à l'os).2 (…) celui (le mot) de patriotes — que votre propagande de guerre, en 1914, avait d'ailleurs ridiculisé jusqu'au trognon (…)Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 306.3 (…) ah ça, les Tuileries, ils les ont eues, ils les ont eues jusqu'au trognon, mon bon monsieur (…) il n'en restait que des pierres noires (…)Aragon, les Beaux Quartiers, II, XIII.3.1 S'il faut, d'un autre côté, avoir tué père et mère, femme et enfants, avoir fait Buchenwald, s'être sorti de trois cancers, etc. pour se rendre compte enfin exact de ce qui nous attend, non dans l'éternité, mais ici et maintenant, alors oui, sans doute sommes-nous tous damnés jusqu'au trognon.Georges Perros, Papiers collés, p. 93.2 (V. 1610 comme appellatif, Béroalde de Verville; 1610, in D. D. L.). Fam. Terme d'affection plaisant pour désigner un petit enfant, « une jeune fille petite » (Littré).4 (…) il ajoutait en me prenant la taille : — Un petit trognon comme toi, ça flatte moins la vanité d'un amant (…) Mais c'est plus sérieux tout de même.O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 369.♦ En appellatif. || Oui, mon trognon ! ⇒ Chou.♦ Adj. Mignon (→ Chou). || Ce qu'il est trognon !❖DÉR. Trognard, 2. Trogne, trognonner.
Encyclopédie Universelle. 2012.